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"Planète Consommaction" #5 : la finance islamique est-elle un remède à la crise

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ECH19756110_1.jpgFranchement, la première fois que j'ai entendu parler de "finance islamique", j'ai eu un mouvement de recul. Non pas par xénophobie, plus par une méfiance à-priori face au mélange de l'argent et de la religion. Parle t-on de "finance catholique" ou de "finance juive" ? Non, et cela sonnerait tout aussi bizarrement à mes oreilles. Sauf qu'hier, l'émission "Décryptage" de Rfiétait consacré à ce sujet qui fait débat, et l'intérêt de cette émission, c'est un peu de donner un cours 'pour les nuls' en la matière. Et force est de constater que j'ai été agréablement surpris par ce que j'ai entendu.

C'est surtout en comparaison avec la crise internationale que ce type de financement prend tout son sens. Car le constat côté "finance classique" est plus que simple : l'avarice, la pingrerie, et la malhonnêteté des financiers ont entraîné le monde sur une pente descendante. Faire crédit à des ménages insolvables ? Pas de souci ! Noyer ces dettes "pourries" parmi d'autre produits ? Un dérivé, et c'est joué ! Et c'est sans parler du cas Madoff qui est pour moi de l'ordre de l'hallucination, je croyais que les systèmes pyramidaux ne concernaient que les pays les plus corrompus et les moins avancés, mais non, il s'agit bien d'une arnaque ultra-simple et très efficace dont l'origine est... un ancien patron des Bourses américaines, ancien membre de la SEC, le gendarme boursier américain. On pourrait écrire longtemps sur ce thème, mais je crois que la finance classique a prouvé à quel point le manque, l'absence de valeurs et de normes pouvait faire mal. Et encore, on en est qu'au début.

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Que peut apporter la finance islamique à ce sujet ? Quelle est sa différence ? Il s'agit de "respecter les principes religieux tout en assurant des rendements compétitifs". Point de départ simple, auquel Anouar Hassoune, qui travaille chez Moody's à la notation de ces banques islamiques, apporte sa contribution d'expert. De manière pédagogique, M. Hassoune décrit les 5 grands principes de la finance islamique, qui fait partie de la finance éthique (qui vise à financer des projets socialement responsables).

 

  • 3 principes dits "négatifs" :
    • interdiction de l'intérêt (l'Eglise Catholique a levé ce principe en 1830, source Wikipédia)
    • interdiction d financer des secteurs illicites (pour l'Islam : l'armement, le porc, la cigarette et l'alcool)
    • interdiction de la spéculation et de l'incertitude sur les termes contractuels. On toussote un peu, c'est exactement l'origine de "notre" crise que l'on exporte par ailleurs un peu partout.
  • 2 obligations "positives"
    • partage des pertes et des profits entre les parties prenantes (vous en connaissez beaucoup vous, des banques qui financeraient votre activité en période de crise ?)
    • adosser toutes les opérations financières à des acifs réel. Là encore, la crise "occidentale" fait mal à nos consciences : pourquoi avoir spéculé sur l'argent et bati autant de montages déconnectés de l'économie réelle ?

Les postulats de base de la finance islamique sont donc à priori très bien perçus en cette période de crise. De plus, les institutions de finance islamique ne sont pas autorisées à financer des activités trop endettées (au-delà de 33%, à comparer avec le taux d'endettement des ménages américains de 120% !). Et devinez quoi ? Eh bien ces banques ne connaissent pas la crise et n'ont pas de subprimes dans leurs fichiers, car elles n'ont pas le droit d'investir dans des "produits structurés", ces "lots" dans lesquels le meilleur cotoie le pire...

murabaha.jpgAlors tout est-il rose dans le monde de la finance islamique ? Evidemment non, le principal problème réside, étrangemment, dans un manque de transparence, pas entre les banquiers et leurs activités, mais dans la propriété effective de ces institutions. Qui les possède ? A quels niveaux ? Dans quel objectif ? Economique ? Politique ? C'est souvent difficile de le savoir, ce qui n'est pas pour rassurer. Elles sont gérées dans une certaine opacité, de par le fait de leur implantation dans des pays à gouvernance faible, et parce que leurs normes comptables ne sont pas toutes homogénéisées... D'où aussi leur requête auprès des grandes agences de notations internationales.

Enfin c'est une affaire à suivre !

Pays-clés : la Malaisie, le Soudan, la Turquie, l'Arabie Saoudite, et en Europe, le Royaume-Uni, mais aussi l'Allemagne, et de plus en plus la France, sur laquelle ces banques ont des vues légitimes au vu de la population d'origine musulmane.

Ci-dessus, un exemple d'un produit financier islamique.

Luc.


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